Le sida avait disparu des écrans radars, avant le débat sur la prophylaxie préventive (PrEP). L’idée de cette nouvelle riposte au VIH? Faire avaler des médicaments antirétroviraux (ARV) aux personnes encore séronégatives mais adoptant des comportements à risque, afin de les protéger contre l’infection au virus
Le sida avait disparu des écrans radars, avant le débat sur la prophylaxie préventive (PrEP). L’idée de cette nouvelle riposte au VIH? Faire avaler des médicaments antirétroviraux (ARV) aux personnes encore séronégatives mais adoptant des comportements à risque, afin de les protéger contre l’infection au virus.
Certaines ONG actives dans la lutte anti-sida ont vite attaqué cette stratégie, craignant qu’elle n’entraîne des relâchements dans la prévention, voire des prises «sauvages» d’ARV par des gens insouciants. Mais un comportement «à risque» l’est-il encore si ledit risque est justement amoindri par la prise préventive d’un médicament? D’autant que ce sont les milieux où les foyers de l’épidémie reprennent – tels les homosexuels – qui seront d’abord ciblés.
Ou – autre critique – les Occidentaux choisiront-ils d’abord de s’aider eux-mêmes, en avalant des cachets préventifs très onéreux, avant de porter secours aux pays du Sud où les mêmes ARV, servant là-bas de traitement, ne sont pas encore accessibles à tous? Etant donné les capacités de production de ces médicaments et de leurs génériques, ce serait faire preuve d’un facile angélisme que de croire que ceux qui seront utilisés ici feront forcément défaut là. C’est d’ailleurs, dénoncent encore les tenants des méthodes habituelles de prévention, sous la pression intenable des lobbies pharmaceutiques, avides de transformer en milliards cette piste récente mais confirmée, que les instances de santé publique ont validé la prise d’ARV à visée prophylactique.
La prévention, que ce soit dans la circulation routière ou la santé, ne suit qu’une règle d’efficacité: elle doit être sans cesse renouvelée. Et aussi diversifiée que possible. Qu’un traitement si cher soit prescrit à des personnes non encore infectées pour prévenir l’issue de leurs actes irresponsables dérange peut être compréhensible. Mais cette arme fait désormais partie de la panoplie contre le VIH. Et l’investissement en vaut la peine: si l’épidémie vient à être vaincue, ce sont des montants bien plus importants qui seront, à terme, économisés sur les soins.
Un tel but, réaliste, ne peut pas être atteint par une seule stratégie mais par un ensemble, après la mise en place de plans dont l’ampleur dépend de gouvernements se disant aujourd’hui, dans ce domaine, par pudibonderie, «refroidis par la crise».
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