Ce n’est pas parce que l’agence onusienne réévalue son niveau d’alerte que le risque est ubiquitaire, et de la même importance. Il est de la responsabilité de l’OMS, parfois qualifiée de «fabrique d’angoisse», de donner le ton.
C’est une combinaison inédite. Des bribes de souches grippales humaine, aviaire et porcine qui peuvent muter. Se transmettre entre humains. Toucher aussi les jeunes adultes. Et dont les traces ont été découvertes non pas en Asie, mais dans une autre région du monde. Le nouveau microbe intrigue les scientifiques, et inquiète. A juste titre. Tant ces derniers avouent devoir encore affiner les analyses pour préciser sa structure détaillée. Tant aussi, au-delà des lots de chiffres lancés ici et là, l’on ignore encore le nombre de décès qui lui sont directement imputables. Si la probabilité que se déclenche une épidémie à large échelle existe donc bel et bien, la phase actuelle de l’événement est délicate à gérer.
L’OMS ne s’en cache pas. Au contraire. Mais ce n’est pas parce que l’agence onusienne réévalue son niveau d’alerte que le risque est ubiquitaire, et de la même importance. Il est de la responsabilité de l’OMS, parfois qualifiée de «fabrique d’angoisse», de donner le ton, de rappeler que le danger n’a pas fondamentalement changé depuis le branle-bas de 2005 autour de la grippe aviaire, et surtout de susciter la mise en place de mesures préventives, même si celles-ci participent à la dramatisation du débat. A nouveau, l’OMS agit peut-être davantage à l’intention des pays en voie de développement, moins bien armés, qu’à celle des pays occidentaux.
Car aux Etats-Unis, en Europe, en Suisse, dans les cantons, voire dans les entreprises, des «plans pandémie» ont été développés, exercés et peuvent être appliqués. La grippe porcine étant pour l’heure curable, les stocks de médicaments antiviraux constitués en 2005 pourraient être utilisés; des mesures ont été proposées pour les augmenter. D’autres pour produire le vaccin, avec là aussi de nouvelles techniques plus rapides.
Bien plus qu’avec la grippe aviaire tant redoutée, ou les versions qui ont tué par millions en 1918 ou 1968, la communauté scientifique possède un atout décisif: la capacité de savoir. Savoir à quel virus l’on fait face. Quel risque réel l’on court et comment y parer. De quoi bien mieux gérer l’incertitude de l’avenir immédiat et ce qu’elle peut avoir d’angoissant.
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