Selon une étude menée par des psychologues de l’Université de Warwick (Grande-Bretagne), publiée dans la revue Biology Letters, lorsqu’il s’agit de prendre plus ou moins de risques pour obtenir une récompense plus ou moins grande, hommes et pigeons – en fait – sont pareils. De quoi nourrir la modestie humaine
Voilà une étude qui remet un peu l’Homo sapiens à sa place sur l’échelle de l’évolution de la sagesse: lorsqu’il s’agit de prendre plus ou moins de risques pour obtenir une récompense plus ou moins grande, hommes et pigeons sont pareils. C’est ce que dit une étude menée par des psychologues de l’Université de Warwick, publiée ce jeudi dans les Biology Letters, et menée donc sur 33 pigeons (6 aviaires et 27 humains).
Souvent, écrivent les savants, les études sur les risques menées sur des patients sont ardues à comparer avec celles effectuées avec des animaux, car aux premiers sont explicitement décrites en préambule toutes les implications des options à choix, tandis que les seconds doivent petit à petit les déduire de leurs expériences. Les chercheurs ont donc placé tous les cobayes (membrés et ailés) dans deux types de situations. Dans la première (dite à «valeur faible»), ils pouvaient soit obtenir avec certitude une unité de récompense, soit prendre le risque (à 50/50) d’obtenir aléatoirement deux unités ou aucune. Dans le deuxième cas (à «valeur haute»), idem: soit glaner avec une garantie complète trois unités, soit en emporter au hasard deux ou quatre. Et tout cela sans qu’aucune indication initiale n’ait été livrée aux sujets.
Résultat: bipèdes et volatiles ont affiché une appréciation des risques «remarquablement similaire». Dans les situations à «valeur faible», où même la plus grande récompense était assez restreinte, tous évitaient de prendre des risques. Dans le cas à «valeur haute» par contre, ils osaient davantage miser sur le choix aléatoire, sachant qu’ils obtiendraient, au pire, deux unités de récompense au moins. Pour les psychologues, ces résultats contredisent l’hypothèse souvent émise selon laquelle la sensibilité au risque serait plus faible lorsque les primes en jeu sont, en absolu, plus grosses. De plus, la décision des cobayes serait davantage influencée par les situations extrêmes (ici la crainte de n’obtenir aucune unité de récompense, ou l’excitation d’en gagner quatre). En résumé, la sensibilité au risque n’est pas si différente entre les roucouleurs et les rouleurs de mécaniques cérébrales. Au final, dans l’affaire, qui donc est le pigeon de qui?